[Margygr, 6] La pluie est de retour

Se tournant vers Crepuscule

Tu es libre de choisir si tu veux que je vous accompagne ou pas.

A la remarque sur le coût des renseignements, elle lâcha un rire clair.

Ne vous en faites pas, vous n'aurez rien à débourser pour ce que vous demanderez ici. Marquant une pause. Tant que vous restez raisonnable.

Crepuscule n'avait plus rien, toute fascinée par le coquillage. Lorsqu'elle l'avait porté à l'oreille, un son étrange se faisait entendre : certes guère différent de celui du ressac de la mer, mais tout de même... d'où pouvait il bien venir ?

Elle était en train d'essayer de coller son oeil dans l'orifice du coquillage pour voir s'il y avait un océan miniature à l'intérieur et qui sait ? Peut être un dauphin ?

Ce n'est que lorsqu'elle essaya de le retourner pour essayer d'en faire couler l'eau qu'elle se rendit compte qu'on lui parlait... voire même que l'on attendait sa réponse.

"Hein ? Quoi ?

Bien sûr que je voudrais que vous veniez, m'dame Thulien ! Surtout pour lui, je voudrais pas qu'il mette m'dame Ficelle en colère."

Puis elle regarda fixement Nehoug, mêlée de méfiance et d'admiration.

"Vous devez être un sacré sorcier pour avoir fait un objet magique aussi puissant... A moins que vous l'ayez volé ?"

Crepuscule plissa le nez et fronça les sourcils en une expression boudeuse.

"Vous m'en referez, des cadeaux ? Et moi des compliments !"

Dans un soupir mélangé à un grognement, elle ouvrit son cube et y fourra le coquillage d'un geste rageur. Il sera toujours temps plus tard d'examiner cette merveille. Elle ne souhaitait pas que le caractère irascible et impatient du nouveau venu vienne gâcher son plaisir.

Elle prit donc la tête de la petite procession en direction du Coche.


Une fois arrivée devant le bâtiment, la jeune fille stoppa, hésitante. Il lui semblait qu'une certaine ambiance lugubre émanait des lieux. Le soleil était couché depuis un moment et les étoiles commençaient à naître. Bien que ce soit son nom, le crépuscule la terrifiait. Cela lui donnait l'impression qu'une bête sournoise et terrifiante prenait pas sur le soleil et la vie. La mort naissait quand la vie délaissait les terres de sa chaleur et sa protection.

A chacun d'assurer sa survie... dans les ténèbres de la mort c'était chacun pour soi.

Tout à coup, Crepuscule secoua la tête pour en chasser les idées noires. Elle se rendit compte qu'elle frissonnait et tremblait presque imperceptiblement. Mais le temps n'était pas à se laisser dominer par ses craintes.

L'air s'était rafraîchit après la pluie, d'autant plus depuis que la nuit prenait ses droits. Mais les lieux étaient encore secs, l'humidité absorbée par les pierres trop longtemps soumises à un climat chaud et sec. Le contraste était surprenant. Pour la première fois, la jeune fille se rendit compte que des générations, des siècles durant, d'hommes et de femmes avaient peut être franchis ce seuil pour y sceller leur destinée.

Les braséros s'étaient un peu apaisés et une simple braise rougeoyante éclairait chichement les lieux, jouant d'ombres mystérieuses sur les murs, non plus effrayantes, mais témoins des âges passés, témoins de l'histoire, de la naissance et la mort, de chaque Cohorte.

"Hum... M'dame Ficelle ? dit Crepuscule d'une voix faible mais toutefois répétée en dizaine d'échos. Dame Sisselune ? Sur un ton plus fort. On a besoin de vous, y a un nouveau qui voudrait voir le Codex et peut être nous rejoindre."

Non loin, la jeune fille décela quelques combustibles pour ré-alimenter les braséros et faire renaître une lumière vive dans les lieux.

"Attendez une seconde, je vais faire de la lumière" dit elle à Thulien et Nehoug.

En quelques minutes, elle avait nourri les foyers et réactivé les flammes. Les fantômes étaient partis.

Toutefois, seule dans la pièce, une sensation de vertige prit Crepuscule, une solitude absolue et totale.

Mais où était donc Sisselune ?

Elle comprit la phrase "une personne vous manque et tout est dépeuplé", mais là, ça l'inquiétait vraiment. Y avait il eu quelque chose de grave qui nécessite que la femme mystérieuse soit envoyée ailleurs ? Avait elle le droit, nouvelle arrivante et dernière acceptée, de montrer le Codex à qui que ce soit ? Certes il y avait Thulien pour la corriger en cas d'impair. Mais tout de même.

Masquant ses doutes, Crepuscule réapparut tout sourire à la porte d'un Coche accueillant et en train de se réchauffer. Teïda lui avait appris la nécessité de recevoir les gens dans un lieu confortable et rassurant.

"Entrez donc, c'est bon. Vous pouvez feuilleter le Codex pour voir si vous êtes d'accord avec nos lois le temps que l'on vous reçoive.



Mais ne l'abimez pas, hein !"

Spoiler:

Crepuscule poussa un soupir de soulagement, Thulien venait de la sauver d'une erreur grave.

"Désolée, je connais pas encore très bien nos protocoles. Je vais aller voir à l'auberge et au bâtiment des Egides si je la trouve."

Crepuscule se dirigea vers la sortie, mais au moment de croiser Thulien, elle lui dit, à voix basse.

"Merci, vous m'avez sauvé ma vie. Mais c'est quoi cet arbre à Crepe ? J'ai pas d'arbre moi... enfin pas que je sache."

Vous me réveillez quand Sissel sera là.

*ronfle bruyamment sur son sac*

*rêve d'un petit lit douillet*

*re réveil en hurlant* Ouhaaaaaa !

*re redresse* Euh, oui, vous avez raison.

Je me tiens prêt à attendre Sissel, je vais l'attendre éveillé cela sera plus respectueux.

*s'incline et se redresse aussitôt*

Crepuscule courait dans les rues de la ville. Où pouvait donc être Sisselune ?

Les passants se faisaient rares en ce moment où la nuit s'avançait et où le froid de l'averse récente faisait naître une humidité traitresse et sournoise, prenant par surprise les vêtements chauds. Les rares badauds qu'elle avait pu interroger étaient de prime abord surpris que Sisselune n'était pas là pour accueillir les personnes au débarcadère mais se montraient vite rassurantes.

Pourtant, Crepuscule avait un mauvais pressentiment. Elle courait, le souffle court et la gorge serrée par l'angoisse. Y avait il eu un accident, une attaque, un problème ? Avait elle échoué à son travail de Sentinelle avant même de commencer ?

Mais au delà de tout cela, une chose accaparait l'esprit de la jeune fille. Est ce que tout cela était de sa faute ?

"Le Crepuscule est celui qui appelle les ténèbres. Lorsqu'il est là, l'arrivée des ombres est inéluctable. Quels que soient tes choix, qui que soient tes amis, tu ne pourras te soustraire à ce destin. Tu es porteuse de mort, de malédictions... porteuse de notre justice."

La voix revenait de son passé, presque des souvenirs les plus lointains qu'elle possédait, lors de son éveil il y a quelques mois. Des larmes naquirent dans ses yeux et elle manqua de trébucher une première fois et chuta la seconde. Une profonde entaille dans le genoux laissait couler un peu de sang.

Néanmoins la jeune Sorcière se releva et, tentant d'inhiber la douleur, se remit en route pour trouver Sisselune ou quelqu'un à qui demander des comptes si on lui avait fait du mal.

*regarde Thulien*

Vous pensez qu'elle est partie loin la jeune fille ?

*commence à fouiller dans son sac pour chercher quelque chose à manger*

Crepuscule poussa un petit cri alors que la forme venait de bondir devant elle. Encore une fois elle trébucha et finit sa course cul par dessus tête dans un buisson.

Toutefois, ce ne fut pas une adolescente effrayée qui se releva, mais un chat soufflant et hérissé. Le pouvoir affluait en Crepuscule à une vitesse vertigineuse. Déjà la zone perdait en température alors qu'entre ses mains se formait une évanescence glacée, annonciatrice d'une pluie de sorts.

"Je te tiens, sale traitre ! Tu vas me dire tout de suite ce que tu fais sur...

...

Mais ?!? M'dame Ficelle ?"

Un air totalement abasourdi tomba sur les traits coléreux de la jeune fille et la tension s'évapora aussi rapidement qu'elle était née. La magie aussi avait rejoint l'Aether.

"Y a un monsieur qui a débarqué et on savait pas où vous étiez alors j'ai voulu vous chercher mais vous étiez pas au coche alors j'ai voulu lui laisser lire le Codex, parcequ'il voulait nous rejoindre, alors m'dame Thulien elle m'a dit que je pouvais pas sans vous, mais vous vous étiez pas là, alors je suis partie vous chercher.

Mais... vous allez bien ? Y a des méchants ?

Et c'est quoi ces vêtements ?!? C'est claaaaasse !"

*bombe le torse à l'arrivée*

Salutations, je me nomme Nehoug Le Grand Clerc.

Je suppose que vous vous nommez Sissel *sourit*

Comme je l'ai déjà dit aux deux jeunes femmes juste avant, je suis venu trouver un bon petit lit douillet *toussote* Eeeuh, des personnes auxquelles je pourrais prendre soin, en échange d'une petite place avec eux.

*ne sait trop quoi dire, impressionné, en espèrant avoir fait bonne impression*

Crepuscule arriva peu après Sissel, de nombreuses écorchures un peu partout et une profonde entaille au genou. Mais où avait elle donc bien pu se fourrer ?!? Des guerriers revenaient de batailles en meilleur état.

"Bah Mr Niyougue, si vous voulez commencer à montrer que vous savez prendre soin de gens, je suis prête à faire le cobaye !"

Elle alla s'effondrer sur son séant un peu plus loin, affligée et ridicule d'avoir tant souffert d'une course sur ce qui doit être sans doute l'île la plus sûre et amicale de tout Asmodée.

*commence à stresser*

Euuh, moi ? Très bien, et vous n'allez pas me croire, mais gratuitement en plus *sourit bêtement*

*commence à stresser en murmurant* C'est là dessus qu'on va me juger, soigner une petite blessure, à moi Nehoug le Grand Clerc !

*reprend sa voix normale*

Je vais prendre soin de vous, comptez sur moi !

*cherche en vain son livre dans son sac*

De suite, de suite !

*souffle un* aaaaah, me voilà prêt ! *tient un petit livre dans ses mains*

*se rapproche de la jeune fille et commence à incanter un sort*

Et voilà, vous êtes guérie jeune fille. Faites attention à vous désormais.

*en profite pour lui donner quelques bandages* Faites en bon usage !

*tremblote*

*se murmure à lui même* Oulah, je crois que ça ne lui a pas plus. Elle n'a pas l'air contente. Je soigne son ami et elle n'est pas contente. Et gratuitement qui plus est. En quoi pourrait-elle me transformer ? En pikpik ? Pire, en kikou ! *re-tremblote encore plus*

*reprend sa voix normale*

Venu que pour vous soigner ? C'est témoin de mon Grand Coeur, non ? *sourit*

*essaie d'arrêter de trembler*

Je vous suis, je ne suis pas venu par intérêt

*suit Sissel d'un pas non rassuré*